Chers amis,
Vous avez certainement suivi la difficile actualité du jour sur les nouveaux développements de l’enquête sur l’instituteur pedocriminel de Villefontaine en Isère. Ce dernier, qui s’est suicidé en prison en 2016, a violé entre 60 et 70 enfants depuis le début des années 2000 jusqu’à son arrestation en 2015. Et sans doute davantage encore puisque sa trace a été semble-t-il perdue pendant quelques années…
Cette affaire suscite notre horreur à tous, notre totale solidarité pour les victimes et leurs proches et l’admiration pour le travail exceptionnel de AAEVP pour les familles touchées par ce drame.
Quels sont derniers développements de l’enquête? Ont été découvertes au domicile de l’instituteur des milliers voire centaines de milliers de photos et de vidéos pedocriminelles. En enquêtant sur ces éléments, les gendarmes ont retrouvé huit nouvelles victimes de cet homme, dont au moins trois souffraient d’amnésie traumatique.
C’est à dire qu’elles n’avaient aucun souvenir des viols….
Cela signifie que ce sont les gendarmes qui leur ont appris qu’elles avaient été violées…car ils disposaient de preuves INCONTESTABLES.
Cette affaire vient signer l’ultime preuve de l’existence incontestable de l’amnésie traumatique à la suite de violences sexuelles en particulier et malheureusement touchant des enfants….
Elle relègue au rebut tous les récents débats de bas étage que nous ne rappellerons pas.
Elle appuie davantage la justesse de notre combat collectif avec la Dre Muriel Salmona (Association Mémoire Traumatique et Victimologie).
Pour rappel, nous nous battons pour que le législateur introduise l’amnésie traumatique dans la loi comme un obstacle insurmontable suspendant la prescription de telle sorte à ce que les victimes sorties d’amnésie qui le souhaiteraient puissent voir leur plainte instruite en cas de prescription sous réserve d’expertises.
Si ce combat est intergénérationnel en ce sens qu’il concerne autant nos anciens que les générations actuelles et futures, il s’inscrit aussi dans un mouvement mondial de libération de la parole lié à #MeToo #Timesup…etc
Nous qui sommes restées sur une ligne sociétale totalement apolitique, nous faisons néanmoins ce soir une exception pour reconnaître que ce contexte de libération de la parole en France doit un peu aussi à l’actuel président de la république Emmanuel Macron qui avait fait le 25 novembre à l’Elysée un discours sans précédent en France pour un chef de l’Etat dans la cinquième République (sans parler de l’avant) pour combattre les violences sexuelles en soulignant qu’elles se produisaient majoritairement dans un cadre intrafamilial….
Puisse le président de la République entendre ce besoin de reconnaissance des victimes d’amnésie traumatique et des victimes de violences sexuelles en général. Et donner un signal fort aux pedocriminels actuels et futurs. Un prédateur est parfaitement conscient que le cerveau d’un petit enfant disjoncte lors d’un viol et tombe dans l’amnésie traumatique infantile.
Introduire l’amnésie traumatique dans la loi ce serait prévenir ces individus que la loi le reconnaît désormais et que JAMAIS la société n’oubliera ce crime inqualifiable.
Mie Kohiyama pour le groupe #MoiAussiAmnesie
P.S.: mon interview ce soir à Europe 1 sur le sujet
Tres juste article.. indispensable. En reconnaissant l amnésie traumatique et en levant la prescription c est une fondamentale évolution de la société qui est en jeu et un NON à tous les criminels sexuels.