Chères amies et chers amis,
Ce matin, s’est ouvert à Lyon le procès du cardinal Barbarin pour non dénonciation d’agressions sexuelles dans l’affaire Preynat.
Depuis quelques jours, nous nous battons contre l’utilisation quasiment systématique dans les médias des termes “pédophilie” et non “pédocriminalité” et d'”abus sexuels et non “d’agressions sexuelles ou viols”.
Pourquoi est-il important d’insister? pourquoi est-il essentiel d’utiliser les mots justes dans notre combat collectif?
Quelques réponses.
Ces termes sont factuellement faux ou n’ont pas de sens: “abuse” est un anglicisme. En français un abus c’est un excès ou le fait d’outrepasser certains droits. Donc on ne peut pas parler d’abus sexuel sur les enfants mais uniquement d’agressions sexuelles, de viols ou de violences sexuelles. Quant au terme “pédophilie”, je l’ai déjà écrit, on ne peut pas dire d’un adulte qui commet un acte sexuel sur un enfant qu’il l’aime….quand on connaît comme aujourd’hui l’impact terrible que cela impliquera pour sa vie entière….
En outre parler de “pédophilie”, c’est épouser le point de vue des agresseurs (qui se défendent parfois en disant qu’ils “aiment” les enfants), de la culture du déni qui ne veut pas voir la réalité de la pédocriminalité. Et non des victimes….Les enfants….les médias qui privilégient ce terme ne sont donc pas neutres.
Le temps n’est pas si lointain en France où en parlant d’un pédocriminel dans certains milieux plutôt feutrés on disait “on dit que ce Monsieur aimait bien les petits enfants, si vous voyez ce que je veux dire”….
Ces termes qui minimisent, édulcorent, portent donc en eux toute un contexte culturel et sociétal qui a plus ou moins admis voire fermer les yeux sur ces crimes. Cet usage admis des expressions “pédophilie” et d’’abus sexuels” porte en lui même cet inconscient sociétal.
Une époque de déni que de nombreux quadra, quinqua….etc connaissent bien. Dans l’affaire Preynat, une victime aujourd’hui adulte raconte comment quand il avait 8 ans, Preynat l’enfermait dans son bureau pour commettre des agressions sexuelles un gros cigare à la bouche….Cet enfant devenu adulte n’a pas DU TOUT eu l’impression que cette ordure l’aimait….
L’actuelle impunité quasi généralisée de la pédocriminalité en France, le très faible pourcentage de victimes qui portent plainte, la correctionnalisation massive qui concerne aussi les viols sur mineurs parlent aussi d’eux-mêmes.
En outre, si j’écris “Le cardinal Barbarin est jugé pour non dénonciation d’agressions sexuelles” à la place de “non dénonciation d’abus sexuels”…cela a une portée différente. Si je parle du “prêtre pédocriminel” à la place du “prêtre pédophile”, il est d’un coup moins sympathique….
Certes changer de mots ne réglera pas la difficulté qu’il y a à administrer la preuve d’un viol en cas de pédocriminalité, crime parfait où l’auteur invite rarement des témoins et bizarrement ne prélève pas son ADN… et exerce une telle pression sur la victime qu’elle/il se taira pendant des années…
Mais l’utilisation des termes justes “pédocriminels” et “agressions sexuelles” participe au changement progressif de paradigme d’une société qui minimise ces actes vers une société qui ne les tolère plus du tout. #MeToo l’a fait pour les femmes, nous devons aussi le faire pour les enfants.
Ce déni et cet aveuglement ont par ailleurs contribué à créer des générations d’oubliés de la justice, de victimes de pédocriminels délaissées, abandonnées, dénigrées….en amnésie traumatique. Ce temps est révolu. Il faut passer à autre chose pour les générations actuelles et futures…
Souvent j’entends que de nombreuses personnes sont dans le déni de la #Pedocriminalite car ils/elles ont du mal à “penser l’impensable” surtout quand on sait que plus de 80% de la pédocriminalité est d’origine intrafamiliale.
On peut difficilement faire des campagnes explicites sur un tel sujet. Alors utiliser les termes appropriés serait la moindre des choses. Le strict minimum….Juste une image…Imaginez-vous cet adulte commettre l’impensable sur cet enfant? Non? Moi non plus. Et s’il le faisait cela ne serait pas de l’amour mais de la pédocriminalité.
Belle après-midi,
Mié Kohiyama pour le groupe “MoiAussiAmnesie”
BRAVO merci et bisous (comme dit l’autre 😉
A envoyer à l’AFP ? Saisir le CSA ? 😉
Contacter https://www.francetvinfo.fr/nous-contacter/ ?
Ecrire à la médiatrice http://mediateur.radiofrance.fr/mediateur/ ?
Effectivement modifier les termes est important pour que la population prenne conscience de la réalité de ces crimes encore trop souvent déniés par la société… Les mots peuvent avoir leur importances, ils peuvent posés les jurés dans des prédispositions très différentes si on lui fait adopter le point de vue de la victime au lieu du criminel…