La journaliste Anne-Charlotte Dusseaulx du JDD revient sur le procès des deux ex-policiers du 36 avec les interviews de Muriel Salmona et Mié Kohiyama.
Extraits:
Pour la Dre Muriel Salmona: “Si c’est historique d’appliquer la loi, c’est vraiment grave. Le dossier était “d’une solidité à toute épreuve”. “Ce n’est pas un procès qui va faire évoluer la loi”.
“Ce qui n’est pas historique, c’est aussi la non-protection de la victime. Qu’on ait pu l’attaquer à ce point-là, sur sa vie sexuelle, sur des comportements qu’elle est libre d’avoir… Rien ne lui a été épargné, et ça c’est monnaie courante”, dans les procès pour viol. “C’est un procès qui aboutit, mais à quel prix” pour la victime, s’interroge Muriel Salmona. Et d’ajouter : “Cela pointe du doigt ce qu’il faut encore améliorer.”
“Pendant trois semaines, on a eu le condensé de la culture du viol, des raisons pour lesquelles les victimes ne portent pas plainte : on a cherché à dénigrer la victime, à aller dans les moindres recoins de sa vie privée… et pour autant, les jurés ont tenu bon et la décision a été une condamnation”, explique au JDD la journaliste et présidente de Moiaussiamnésie, Mie Kohiyama, qui parle d’un “procès emblématique”.
Le mouvement #Metoo a-t-il joué un rôle? “Oui, je pense. En termes de tolérance, les choses bougent. La culture du viol est quand même mieux dénoncée, et l’impact traumatique mieux reconnu”, estime Muriel Salmona. Idem du côté de Mié Kohiyama : “Je pense que le vent est en train de tourner. La société ne peut plus tolérer un certain nombre de faits qui auparavant passaient en toute impunité.”
Crédit photo : Me Sophie Obadia et sa cliente Emily Spanton. (Abaca Press)