Je publie ici des extraits de l’interview très intéressante et utile d’Andréa Bescond pour le magazine ELLE paru hier.

Rare qu’une aussi longue interview dans un magazine populaire aborde les questions de l’amnésie traumatique, la sidération, la notion de non consentement de l’enfant.

Andréa qui connaît très bien ces mécanismes, les explique avec une grande clarté. Je suis certaine que ses mots et son film auront un impact fort sur une meilleure prise de conscience de l’opinion sur l’horreur de la pédocriminalité et l’évolution des mentalités sur ce sujet en France.

Un grand merci à elle!

J’ajoute le lien pour l’appel de Elle de plusieurs personnalités dont Andréa, Madeline DaSilva et Muriel Salmona pour mieux protéger les enfants.

Et n’oubliez pas la sortie nationale du film d’Andréa et d’Eric Metayer “Les Chatouilles“, le 14 novembre!

Excellent week-end à toutes et à tous,

Mié Kohiyama pour le groupe “MoiAussiAmnesie”.

http://www.elle.fr/…/Mieux-proteger-les-enfants-notre-respo…

Extraits de l’interview:

(…)”Il est temps de parler” des violences sexuelles contre les enfants “avec des mots simples”. “Sinon comment comprendre, pourquoi on n’a rien pu dire, pourquoi on s’est laissé faire, pourquoi on a oublié?”.

“Ce n’est pas parce qu’on est nul ou consentant! un enfant n’est jamais consentant, comment peut on mettre ça en doute?”.

“L’‘amnésie traumatique ou l’état de sidération, qui servent à se protéger d’une mort psychique, sont des symptômes connus des psys bien formés, mais inexistants dans le vocabulaire populaire. Pourtant connaître ces mécanismes éclaire vraiment votre chemin.

“Sinon on reste dans une solitude totale. On ajoute de la douleur à la douleur. Il faudrait aussi parler avec des mots simples des conséquences de ce traumatisme: boulimie, obésité morbide, drogues, scarifications, toute cette violence qu’on retourne contre soi sans comprendre ce qui nous arrive. C’est de l’ordre de l’information, de l’éducation.

ELLE: “pourquoi êtes-vous déçue par les politiques?”

“Je voulais qu’ Emmanuel Macron prenne le sujet à bras-le-corps. Or, les avancées obtenues au printemps sont insuffisantes.

Certes, le délai de prescription a été augmenté de dix ans, mais l’amnésie traumatique qui concerne pourtant 40% des victimes n’a pas été inscrite dans la loi, ni la levée de prescription en cas de récidive.

Et à la place d’une présomption de non-consentement pour les mineurs, il y a juste l’idée très vague d’un “abus de vulnérabilité” dont la jurisprudence reste à définir. Avec un avocat de la défense redoutable, ce sera toujours à la victime d’apporter la preuve qu’elle n’a pas consenti…Surtout si la plainte est déposée des années après”.

“Le viol d’un enfant est une bombe à fragmentation (…) si rien n’est dit ça se répète aux générations suivantes. Rester seul avec sa douleur, c’est injouable. Il faut briser la boucle avec les armes de la parole (…)”.

“Le fait de tout révéler m’a donné de la force. On ne sait pas comment les autres vont réagir. On n’est pas à l’abri de se faire cracher dessus. Pas à l’abri aussi de se faire enrober d’amour. Ça arrive aussi. Heureusement”.