Le premier invité était Jacques-Michel Huret, un Lorrain qui a été victime d’une amnésie à la suite d’une agression qu’il a subie à l’âge de 30 ans dans les années 80. Il a raconté s’être trouvé un jour à Paris près de l’Opéra sans pouvoir se rappeler son identité. En revanche, il n’avait pas perdu sa mémoire d’apprentissage… Il savait toujours lire et écrire notamment.

Grâce au chanteur Charlélie Couture dont il a évoqué le nom aux médecins et avec qui il avait fait ses études, il a retrouvé sa femme et ses deux enfants aux côtés desquels il a dû tout réapprendre…

C’est à la suite d’une enquête de police qu’il a su ce qu’il lui était arrivé: une agression physique violente de la part d’un homme qui a été arrêté. M. Huret n’a cependant toujours pas retrouvé la mémoire. Il a expliqué que son agresseur lui a “volé 30 ans”. Un témoignage très émouvant.

Ce qu’a subi M. Huret est une amnésie de l’identité, un trouble assez rare, a précisé le neuropsychologue et spécialiste de la mémoire Francis Eustache qui était l’expert invité pour décrypter ces mécanismes.

J’étais la deuxième intervenante pour évoquer la question de l’amnésie traumatique suite à des violences sexuelles dans l’enfance et l’adolescence. J’ai raconté mon histoire, comment les souvenirs de viols subis à 5 ans ont explosé à ma conscience 32 ans plus tard et les conséquences.

Les questions d’Olivier Delacroix m’ont permise de bien souligner à quel point ce mécanisme est dur pour les victimes de violences sexuelles: à quel point elles sont isolées, se croient folles et mettent un long moment avant de pouvoir reprendre pied lorsque les souvenirs resurgissent en vue d’un éventuel dépôt de plainte. Ce que j’ai fait en 2011 malgré la prescription des faits. Mon affaire a été classée sans suite mais j’ai été jusqu’en cour de cassation pour tenter de faire reconnaître l’amnésie traumatique comme un obstacle m’ayant empêchée de déposer plainte avant. Demande rejetée en décembre 2013.

A quel point aussi ce que la Dre Muriel Salmona nomme la mémoire traumatique est une véritable torture.

J’ai enfin pu parler de notre combat actuel pour faire entrer l’amnésie traumatique dans la loi lorsque des victimes prescrites souhaitent déposer plainte. Et de notre objectif global d’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs.

Le lien de l’émission et mon intervention à 15H25. Cliquez ici

La troisième intervenante était une mère dont le fils a été victime de troubles de la mémoire suite à un accident de voiture et à un traumatisme crânien. Elle a notamment raconté son chemin de croix pour retrouver la capacité à accomplir des choses simples comme se repérer géographiquement. Elle est l’une des responsables de l’association UNAFTC, qui rassemble les familles de traumatisés crâniens.

Cette émission était importante en ce sens qu’elle abordait la question des différentes amnésies. Et celle pour laquelle nous nous battons, à savoir l’amnésie traumatique consécutive à des violences sexuelles, était l’un des sujets considérés comme n’importe quel autre aspect médical suite à un traumatisme. Elle correspond tout à fait à notre ligne de conduite et à notre combat pour la reconnaissance de l’impact psychotraumatique des viols.

Qui plus est, les questions d’Olivier Delacroix sont très ouvertes et simples. Et les auditeurs ont donc vraiment tout loisir de s’exprimer clairement.

Bref, un bon début d’année.

Pour une prochaine occasion médiatique, nous n’oublions pas l’importance d’évoquer la question des amnésies traumatiques partielles et notamment celles touchant les adolescents.es. C’est le cas de Natacha, qui nous rappelle à juste titre qu’on a peu parlé des victimes d’amnésie suite à des viols dans l’adolescence. Donc à toutes et à tous, n’hésitez pas à témoigner sur ce sujet en nous envoyant vos histoires sur notre boîte mail.

Belle fin d’après-midi,

Mié Kohiyama pour la groupe “MoiAussiAmnesie”

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