Chères amies et chers amis,

Avec Marie, nous étions conviées aujourd’hui à l’ONU à nous exprimer lors d’une conférence en marge du Conseil des droits de l’homme pour parler des droits des enfants et de la lutte contre la pedocriminalite à l’invitation de l’ONG United Towns Agency for North-South Cooperation

C’est M. une enfant de 11 ans qui a pris la parole en premier à l’invitation d’Eya Essif secrétaire général de UTA. M. qui a travaillé l’écriture de son texte pendant trois semaines, a évoqué les marques indélébiles des violences sexuelles faites aux enfants et aussi la nécessité de mieux punir les agresseurs qui autrement “recommencent”. Un bon résumé du continuum des violences liées à l’impunité.

Marie Rabatel a ensuite fait une intervention sur la grande vulnérabilité face aux violences sexuelles des enfants avec un handicap et la nécessité de campagnes de prévention et d’information sur ce sujet auprès des personnes concernées. Les enfants avec un handicap ont quatre fois plus de risque de subir des violences sexuelles. Elle a également évoqué la situation dramatique des femmes autistes sur le sujet.

Elle a détaillé les conséquences psychotraumatiques, l’absence de protection démultipliées par le handicap et les institutions. De plus, elle a souligné qu’il était “inacceptable” que des enfants de 6 ans en situation de handicap puissent être accueillis aux côtés d’adultes dans le même établissement. Une pratique discriminatoire normalement interdite pour les enfants, favorisant ainsi la pedocriminalite dans un huis clos hors de tout contrôle extérieur.

Marie s’est également interrogée sur certaines pratiques institutionnelles visant à contraindre de façon systématique des jeunes filles à avoir recours à la contraception. N’est ce pas là une pratique douteuse visant à “camoufler les violences sexuelles”? s’est demandée Marie.

J’ai ensuite pris la parole pour rappeller que la France avait ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant adoptée par l’ONU il y a 30 ans. Cette convention demande aux États d’apporter aux enfants “un cadre protecteur en prenant en considération leur caractère vulnerable”. En France on est “loin du compte”, ai je souligné.

J’ai évoqué l’impunité totale en matière de pedocriminalite en insistant en particulier sur les incestes. 80% des violences sexuelles sont intrafamiliales.

J’ai aussi évoqué le scandale de l’absence de seuil d’âge de non consentement, l’échec de la loi sur les violences sexuelles et sexistes dite loi Schiappa, notre combat pour introduire l’amnésie traumatique dans la loi et la nécessité de tendre vers l’imprescriptibilite des crimes sexuels sur mineurs.

J’ai parlé de mon histoire et expliqué l’amnésie traumatique en rappelant qu’elle touchait plus de 40% des victimes de violences sexuelles dans leur minorité et qu’elle était un des “piliers de l’impunité de la pedocriminalite”. Un combat que nous menons aux côtés de la Dre Muriel Salmona présente dans nos pensées.

J’ai conclu en évoquant le “chemin que la France doit encore accomplir si elle souhaite être digne des droits humains et nous l’espérons un jour des droits de l’enfant”.

Un débat s’en est suivi avec les personnes présentes, certaines découvrant avec effarement la situation en France sur le sujet.

A l’heure, où le statut quo prédomine en France sur ces questions, s’exprimer dans les organismes internationaux est nous semble t il important. Nous allons poursuivre nos efforts en ce sens.

Excellente soirée à toutes et à tous,

Marie Rabatel, présidente de l’association francophone des femmes autistes

Mie Kohiyama présidente de Moiaussiamnésie