Chers amis, aujourd’hui un article a paru dans la presse mettant en doute l’amnésie traumatique taxée de « concept ». Nous ne pouvions pas rester indifférents dans le contexte actuel. Un petit rappel sur la définition du mot concept: « représentation mentale générale et abstraite d’un objet ».
Alors que les effets de l’amnésie traumatique que vous décrivez, ce sont des douleurs physiques extrêmes, des cauchemars, des flash-backs angoissants dans n’importe quelle situation de la vie quotidienne, des odeurs insupportables, une anxiété généralisée, un contact anodin vécu comme intrusif, la peur au quotidien dans une relation de couple, des troubles alimentaires compulsifs, cette hypervigilance qui épuise…
Ce sont des reviviscences très éloignées d’images floues ou abstraites qui évoquent l’idée du simple souvenir, c’est un vécu qui vient hanter avec insistance et sans aucun contrôle le temps présent et dont les victimes ne peuvent pas se défaire.
Nous nous étions dit que nous ne réagirions pas à de telles inepties. Et finalement nous réagissons car cet article intervient alors que vous faites tous et toutes des efforts considérables pour libérer votre parole si fragile sur l’amnésie traumatique et son cortège de complexités et de souffrances sans nom…
Nous ne pouvons pas accepter qu’un article volontairement méprisant parle de ce que nous avons tous traversé comme d’un « concept ». Nous ne pouvons pas accepter que le Dr Muriel Salmona, qui œuvre sans relâche depuis 25 ans, pour aider les victimes de viol avec une énergie et un engagement hors du commun soit ainsi méprisée, mise en cause en tant que soit disant “activiste” . Si le Dr Salmona, qui a une déontologie impeccable, ne s’était pas impliquée dans ce combat sociétal, nous n’en serions pas là!
Combien de victimes nous ont dit…j’étais si mal, je n’arrivais pas à mettre des mots sur ma souffrance et j’ai lu les livres du Dr Salmona qui m’ont sauvé la vie. Combien de ses patients (es) auparavant enfermés-es dans des instituts psychiatriques sordides et qui l’ont rencontrée s’en sont sortis parce qu’enfin ils ou elles avaient face à eux une psychiatre compétente et formée au psycho traumatisme.
Cela n’est pas tolérable qu’un-e journaliste sans aucune compétence ni formation sur l’amnésie traumatique se permette un tel mépris. Sans aucune connaissance ni intérêt pour la réalité intérieure de ce que vivent les victimes. Pour avoir été proche de vous depuis plus de 15 jours et plus encore depuis des années, nous savons à quel point libérer votre parole sur l’amnésie traumatique est quelque chose d’extrêmement douloureux. Nous avons un immense respect pour votre démarche.
Pourquoi est-ce douloureux? Car nombre d’entre vous disent « je ne me rappelle pas de tout », « on va penser que je suis fou ou folle », « cela n’est pas cohérent » ou « je ne peux rien prouver »…etc
Un rappel la page Facebook et le site « moiaussiamnésie » ont été créés pour vous donner un espace de parole bienveillant et empathique. Nous ne sommes pas des officiers de police judiciaire. Tous les doutes, les approximations sont les bienvenus. Libérer cette parole c’est aussi passer par ce chemin.
Donc, pour résumer continuez à parler, continuez à vous confier. C’est très important que nous réussissions à faire connaître la complexité de ce processus neurologique, le parcours de combattant des victimes, leurs doutes, leurs douleurs extrêmes, leur isolement…etc
Le vrai combat est là. Quels soins pour ces victimes, quelle reconnaissance sociétale? Le reste n’est que polémique stérile.
Avec vous,
La page Facebook « Moiaussiamnésie »