Chers amis,

A l’heure où certains professionnels (minoritaires) continuent à clamer –au mépris de toute vérité médicale et scientifique– que l’amnésie traumatique affectant les victimes de viols est un phénomène « rare », il nous apparaît utile de faire le point sur un certain nombre d’affaires impliquant des victimes touchées par ce mécanisme neurologique qui ont trouvé une traduction judiciaire. J’y ai inclus mon histoire qui était à l‘époque une première judiciaire en France.

Adélaïde Bon, 37 ans, comédienne et auteure de « La petite fille sur la banquise » (Editions Grasset) victime à 9 ans d’un violeur en série. Amnésie traumatique partielle de plusieurs années. Les souvenirs des viols, un mot qu’elle a mis longtemps à poser, ont resurgi pour l’un 25 ans après les faits. Son agresseur, Giovanni Costa, surnommé « l’électricien » a été jugé et condamné en 2016 à 18 ans de réclusion pour les viols et agressions de 18 mineures.

Andréa Bescond, 38 ans, comédienne et auteure des Chatouilles. Violée à 9 ans par un ami de la famille, fin 1988. Dix ans d’amnésie traumatique. Elle a déposé plainte à 24 ans. En 2006, son agresseur a été condamné par une cour d’assises à dix ans de prison et cinq ans de suivi médico-légal.

Raphaël Emet, 57 ans, ingénieur auteur de « Ce sera notre secret » (Editions Max Milo). Violé à 11 ans, pendant deux ans par un étudiant en médecine. Amnésie traumatique partielle jusqu’en 1999. Il dépose plainte en 2016 alors que les faits sont prescrits. Devenu médecin, son agresseur sera prochainement jugé aux Assises pour des faits pédocriminels. La plainte de Raphael a été jointe au dossier d’instruction.

Israël : en 2013 et 2014, la Cour suprême a confirmé la condamnation d’auteurs de violences sexuelles sur des jeunes femmes qui ont dénoncé les faits à la suite d’amnésie traumatique :

1/ Le 12 février 2013, la Cour examine le cas d’une jeune plaignante âgée de 30 ans, diplômée de communication et de science politique. Celle-ci dénonce des viols de la part de son père subis entre l’âge de 4 ans et de 12 ans, qui ont provoqué une amnésie traumatique. La condamnation de son père à 14 ans d’emprisonnement est confirmée.
2/ L’arrêt Shmuel du 10 septembre 2014 confirme la condamnation d’un homme à 12 ans de prison ferme dont deux avec sursis. Il était accusé d’inceste par sa fille victime d’une amnésie traumatique qui s’est rappelée des faits en se réveillant une nuit d’un rêve.

États-Unis :

Entre 1980 et 2010, 53 affaires ont été jugées par les cours civiles et pénales américaines dans lesquelles l’amnésie traumatique a été reconnue. Dans la plupart de ces arrêts, les allégations des plaignants étaient corroborées par des preuves annexes.

Flavie Flament : animatrice et auteure de « La Consolation» (Editions JC Lattès) âgée de 43 ans. Violée à l’âge de 13 ans par le photographe David Hamilton alors âgé de 53 ans. 25 ans d’amnésie traumatique. Les souvenirs remontent vers l’âge de 36 ans. Révoltée par le fait que son affaire était prescrite, elle a dénoncé publiquement le photographe, qui s’est suicidé en novembre 2016. Elle a été nommée par la ministre de la Famille Laurence Rossignol à la tête d’une mission de consensus sur la question de la prescription qui a préconisé l‘allongement de la prescription à 30 ans après la majorité.

Mie Kohiyama : journaliste et auteure du « Petit vélo blanc » (Editions Calmann-Levy) âgée de 46 ans. Violée à l’âge de 5 ans, 32 ans d’amnésie traumatique. Elle a déposé plainte en 2011. Les faits sont alors prescrits. Son agresseur a reconnu les détails de ses souvenirs mais a nié les faits et refusé une confrontation. Elle a été la première victime en France à contester un classement sans suite du fait de la prescription devant la Cour de Cassation en décembre 2013. Son livre est le premier témoignage écrit en France sur l’amnésie traumatique.

Mié Kohiyama pour le groupe « MoiAussiAmnesie »

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