C’est un énorme coup de tonnerre judiciaire et pour l’Eglise pour le moins inattendu. Le cardinal Philippe Barbarin a été condamné à six mois de prison avec sursis pour non dénonciation d’agressions sexuelles de mineurs de 15 ans par le tribunal correctionnel de Lyon. Il a peu après annoncé qu’il remettrait sa démission au pape.
Pour rappel, à l’audience en février la procureure de la République n’avait requis aucune peine ni contre l’archevêque de Lyon ni contre les cinq autres personnes poursuivies.
En outre, en 2016, le parquet de Lyon avait classé sans suite une première plainte pour non dénonciation.
S’il s’agit d’une peine légère puisqu’en théorie le cardinal encourait 3 ans de prison et 45.000 euros d’amende, il n’en demeure pas moins que sa condamnation est un signal très fort envoyé aux victimes des prêtres ainsi qu’à toute la hiérarchie de l’Eglise qui a couvert ces agressions depuis des décennies.
C’est en outre la première fois qu’un cardinal est condamné pour non dénonciation d’agressions sexuelles en France.
Grâce à Marine Babonneau, nous avons eu accès aux motivations de la décision du tribunal et elles sont on ne peut plus claires.
Le tribunal estime que dès lors qu’Alexandre Hezez a dénoncé les crimes sexuels commis par le père Bernard Preynat, le cardinal ne pouvait invoquer “le secret ecclésiastique” et avait “l’obligation” de dénoncer ces crimes. Selon le tribunal, le cardinal a fait le choix de “l’inertie” et le “choix en conscience” de “préserver l’institution”.
Dès lors que les motivations sont si claires, on peut toutefois se demander pourquoi une peine si légère.
Quoiqu’il en soit, la défense de Barbarin a immédiatement annoncé son intention de faire appel. Sur RTL un de ses avocats, André Soulier a cru déceler dans cette décision un souhait de “satisfaire le molloch de l’opinion publique sous la pression de l’émotion”.
Peu après 13h, le cardinal Barbarin a annoncé sa démission qu’il remettra au pape François dans quelques jours lequel peut ou non l’accepter. Une journée en tous les cas historique pour les victimes deavec un message pédocriminalité sous jacent: “n’ayez plus peur ni de parler ni des puissants”.
Une immense pensée pour nos camarades de La Parole Libérée et leur combat incroyable pour faire reculer la pédocriminalité et libérer la parole des victimes de prêtres….